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La Vie de Lady Heidi
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La Vie de Lady Heidi
11 juillet 2012

J'aime plus les trains

    Dix minutes, c'est le temps qu'il me reste avant que mon train ne chemine vers de lointains horizons. Coup de chaud et mal de dos j'hâte le pas sur le quai en traînant une valise, un cabas et mon sac à main. Le tout chaussé sur des talons de 8 cm et habillée trop chaud vu qu'en ce moment tu sais jamais quel temps il va faire! Mon e-billet dans une main je guette le numéro des voitures. Départ de dernière minute j'ai réservé ma place sur internet une heure auparavant.

     Voiture numéro 5. Je monte, essouflée, ma vie sur les épaules. La porte semi-automatique - qui se referme toujours hyper vite - s'ouvre et là surprise, en bout de train, je me retrouve dans un minuscule wagon. Je distingue tout de suite trois carrés de quatre places chacun et quelques fauteuils-strapontins disposés en ligne, sans tablette et sur le côté. Oh my god. Je regarde le numéro de mon siège tout en implorant je ne sais qui. 25. Et bim. Le verdict tombe comme avec le chapeau de Poodlard : Strapontin ! Je regarde autour de moi, l'air hagard, case, non sans mal, mes affaires et pose mon popotin sans conviction. 

    A ma gauche une petite tête blonde aux lunettes colorées tient une console de jeux à la main. Une jeune trentenaire à la voix pleine d'angoisse donne les dernières recommandations à sont petit bout, d'à peine six ans, et lui mets son billet dans la main. Le bambin au tee-shirt imprimé Tortue Ninja ne dit pas un mot mais acquiesce de la tête. Prendre le train tout seul à l'air d'inquiéter bien plus maman que sa progéniture aux yeux bleus. La mère embrasse son enfant, sort les larmes aux yeux et lui fait par la fenêtre des signes de la main avec un sourire crispé.

    La porte s'ouvre une femme dodue, suante et essoufflée s'engoufrent dans la boîte qui nous sert de wagon. Exténuée elle s'arrête et s'exclaffent entre deux râles de respiration : "Ah bah d'accord. Bien. C'est quoi ces places??". Parce que, oui, bien sûr, sa place c'est la 26. A ma droite. La femme corpulante hisse ses deux énormes valises dans la "cage à bagages", écrasant avec poid les sacs du dessous. Titubant, elle tente de rejoindre son strapontin quand elle trébuche et amortit sa chute...sur moi. Excuses entre deux soupirs, la bien portante rejoint enfin sa place, collée à mon avant-bras.

     Encerclée de gauche à droite, je suis et je sens déjà l'exaspération m'envahir. Je prends une grande inspiration, ferme les yaux et respire par le ventre. Face à moi, un carré de quatre places. Une jeune femme brune est assise, écouteurs dans les oreilles et tête contre la fenêtre. Enfin une qui à l'air "normal". Tout comme le cinquantenaire face à elle, plongé dans la lecture d'un roman policier. 

     Trois minutes et le train prend sa route quand rebelote la porte. La voiture s'apprête à acceuillir de nouveaux habitants. Une poussette fait son entrée. Aux commandes de l'engin une gamine - 20 ans pas plus - qui s'adresse sur un ton des plus méprisant à la femme qui l'accompagne. Très vite la situation est claire. Trois générations débarquent : Fille, mère et grand-mère. D'entrée de jeu ça sent le gros lot. Le client parfait pour Confessions Intimes. Le cas social dans toute sa splendeur. - Ni voyez ici aucun mépris ni médisance mais un simple constat et une réalité. A lire mon article Confessions Indignes - Une hypothèse qui va vite se confirmer. La jeune mère, costaud au cheveux teints et gras, porte un bas de survêtement bleu marine et un marcel rose au décolleté démonstratif. Agressive elle rale contre sa mère, fait de grands gestes et prend un accent racaillou de la cité. Elle parle de sa fille en disant "la ptite" et finit toutes ces phrases par "T'as vu?". Mémé n'est pas mieux. Blonde décolorée aux racines noires bien avancées, la femme chétive aux dents jaunies par le tabac répond d'une voix roque et tente avec difficulté d'aligner trois phrases dans un français correct. Bien sûr, "la ptite" se réveille et pousse des cris dans son bolide. Une séquence qui me fait regretter de ne pas avoir une caméra sous le bras.

     C'est à ce moment que retentit le célèbre et insoutenable jingle de la SNCF. Le train va partir et le personnel nous souhaite un bon voyage. Merci. Oui, merci la SNCF, pour ce voyage confortable à prix d'or qui s'annonce...long. C'est officiel et définitif, j'aime plus les trains.

Un coup de gueule incontournable

     La Société Nationale des Chemins de Fer. Et quelle société messieurs dames! Dictature d'un monopole qui dure depuis 1937. Le TGV peut aller vite et être pratique, certes. - en même temps c'est mieux quand tu t'appelles Train à Grande Vitesse - Les billets sont cher voire très cher. Un exemple concret : Un aller simple Paris-Nancy avec une carte 12-25 peut te coûter 60 euros. Pour 1h30 de train, c'est pas mal. 45 Euros, c'est en moyenne le prix le plus bas pour un Paris-Nantes toujours en 12-25. Un voyage qui dure 2 heures. Pour 5h de train de la capitale vers Montpellier en tarif normal tu devras débourser 110 euros. On pourrait continuer longtemps... A quoi correspondent ces prix? Comment fluctuent-ils? En fonction de quoi? 

     Le service devrait être à la hauteur du prix versé par le client. Or, à la SNCF ce n'est pas le cas. Mon histoire -réelle et vécue- illustre bien mon affimation. J'ai payé un billet normal et je n'ai pas eu une place normale. Et vu le prix, désolé mais ça donne envie de râler. Sans oublier les fameux retards caractéristiques à la SNCF. Oui, il y a des évènements qui ne leur sont pas imputables. Intempéries, suicides, vols de câble... Mais bon sang ces problèmes existent depuis la création des voies ferrées. Comment se fait-il qu'en 80 ans la SNCF ne proposent aucunes solutions de secours et d'adaptation à ce genre de situations récurrentes??? Rester aujourd'hui 10 heures coincé dans un train parce que ce dernier a percuté une vache ce n'est plus possible. Chaque année il neige quelque part en France. Chaque année des dizaines de personnes décident d'en finir avec la vie sur les rails. Plan B, vin diou, PLAN B. Et ce fameux remboursement qui n'est qu'un pur simulacre. Transformée en avoir sur un autre voyage de la SNCFen réalité, la somme n'est donc jamais restituée aux consommateurs et restent dans les caisses de la société. C'est épique, ça c'est sûr. En parlant d'EPIC...

     ÉPIC, entreprise publique chargée de la gestion d’une activité de service public industriel et commercial, la SNCF règne en maître absolu sur le marché ferroviaire français. 32 000 km de lignes, c'est en moyenne 14 000 trains qui circulent par jour. Des trains qui transportent 1 milliard de personnes par an. Son chiffre d'affaire, en progression, atteint au premier trimestre 2012 les 8,15 milliards d'euros. Geant de papier, la SNCF est loin d'adopter un comportement digne de son statut. Un groupe qui se dédouanne sans arrêt et accuse le coup à tout va. C'est un scandale. Sans parler des grèves à outrance, surtout en période de vacances et de fêtes, qui pénalisent ceux qui n'y peuvent rien.

     Dernière abbération en date, l'interview récente d'un porte parole suite à un retard de plusieures heures causé par un suicide. L'homme au micro explique sur un ton grave, transpirant de fausse compassion, qu'il y a un vrai problème de mal être en France au vue de l'augmentation du nombre de suicides. Non mais je rêve. Mec, on ne te demande pas une réflexion philo-psychologique sur le malaise de l'être! C'est pas ton boulot! Des suicides sous un train il yen a eu, il y en aura encore donc trouve une alternative! Une justification à côté de la plaque et intolérable qui reflète bien l'esprit de la SNCF.

     Alors quand j'entends siffler le train (Richard Anthony, si tu m'entends) je n'ai qu'une envie, prendre le volant. 

 

 

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